Le loup est l’ancêtre du chien, mais comment le loup est-il devenu un chien ? Une très intéressante émission, sur Planète il y a quelques jours, exposait les différentes théories à ce sujet. Il semble bien que ce soient certains loups qui, il y a environ 100.000 ans, ont choisi de vivre près des hommes.
A l’époque vivaient les hommes de Néanderthal et les Homo-Sapiens. Les Néanderthal étaient des nomades, vivant de cueillette et de chasse. Les loups n’ont pas eu envie, semble-t-il, de vivre à leur proximité, ces hommes là étant plutôt leurs ennemis naturels, ou du moins leurs concurrents en ce qui concerne la chasse.
Les Sapiens, eux, étaient devenus cultivateurs et s’étaient fixés dans des villages. A proximité de ces villages, ils déposaient leurs déchets qui, sans doute, ont attiré des loups. Ainsi, certains loups, parmi les moins méfiants et les moins agressifs, ont pris l’habitude de vivre à proximité des humains. Les moins méfiants étaient ceux qui vivaient le mieux et se reproduisaient le plus : ils se rapprochaient plus des hommes et, par conséquent, étaient les premiers servis lorsque de nouveaux déchets arrivaient. On constate encore ce phénomène dans les pays où il y a des décharges à ciel ouvert : pour recueillir de la nourriture, les chiens doivent accepter la présence des hommes à proximité d’eux, sous peine d’être condamnés à devoir chasser pour se nourrir.
Les loups les moins méfiants et les moins agressifs se reproduisaient donc mieux que les autres et, de génération en génération, sont devenus de moins en moins méfiants et agressifs, au point de devenir les amis des hommes, tels que le sont les chiens aujourd’hui. Certains spécialistes de la préhistoire n’hésitent d’ailleurs pas à attribuer au chien (ex-loup) la supériorité du Sapiens sur le Néanderthal : nous sommes des Sapiens mais les Néanderthal ont disparu. Le Sapiens disposait des capacités que lui offre le chien, essentiellement en ce qui concerne sa sécurité et l’assistance dans certaines activités comme par exemple la chasse.
Il faut expliquer aussi la différenciation morphologique qu’il y a entre le loup et le chien : un yorkshire, un bichon, une levrette italienne, etc., ne ressemble plus du tout à son ancêtre. Une expérience a été menée il y a quelques décennies en Russie sur des renards. On a réuni des renards et on les a fait se reproduire. Dans chaque portée, on a sélectionné les plus dociles, les moins agressifs, et on les a fait se reproduire. Et ainsi de suite, sur une dizaine de générations, soit pendant environ une vingtaine d’années, toujours en sélectionnant les individus les plus dociles.
Les derniers de la lignée étaient tout aussi dociles que des chiens, cela ne fait aucun doute. Mais ce qui est étonnant, c’est que leur morphologie a changé. Pas beaucoup, sur 10 générations seulement ça ne se peut pas. Seulement la couleur : alors que les renards sont normalement d’une seule couleur, les derniers avaient plusieurs couleurs tout comme de nombreuses races de nos chiens. Il semble que la perte d’agressivité se fasse par une moindre production d’adrénaline, compensée par une production supplémentaire de mélanine, déterminant une nouvelle coloration du pelage.
Ainsi, en se spécialisant dans certaines tâches ou dans certains environnements, le loup est devenu … non pas le chien, mais les chiens, toutes les races de chiens, très différentes les unes des autres bien qu’ayant toutes un seul et même ancêtre.
Je termine par une citation de Voltaire : "plus je connais les hommes et mieux j'aime mon chien".